La Région des Grands Lacs est entrée dans un cycle infernal des violences protéiformes depuis les années 1990 avec l’attaque du Rwanda qui a débouché, en 1994 à un génocide des Tutsi et l‘exil de millions des réfugiés dont la majorité s’est déversée en ex-Zaïre, aujourd’hui la République Démocratique du Congo (RDC).
Les conflits et guerres qui durent depuis cette date auraient déjà occasionné la mort de plus de 6 millions de personnes, la plus grande catastrophe humanitaire après la deuxième guerre mondiale.
Depuis lors, les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants en RDC qui s’enchainent quotidiennement, ont atteint la limite du supportable au point que l’envoyée spéciale de l’ONU venue en visite officielle à l’Est en 2010 avait baptisé cette région de la RDC : «la capitale mondiale du viol.» Car, aucun jour ne passe sans qu’on entende parler des cas de viols en RDC surtout dans la partie de l’Est !
Des centaines de personnes meurent chaque jour et, ce conflit persistant a entraîné le déplacement interne de quelque 5,6 millions de personnes et presque un million de réfugiés.
Officiellement, la RDC héberge plus de 245, 0000 de réfugiés Rwandais ainsi qu’un nombre moins important de réfugiés Burundais. En même temps le Rwanda, le Burundi et l’Uganda hébergent des réfugiés Congolais. Tous ces refugies et déplacés fuient des situations d’instabilité sécuritaire et socio-politiques dans leurs pays d’origine.
La solution militaire vainement préconisée depuis plus de deux décennies par les gouvernements de la Région des Grands Lacs Africains pour faire face à la crise sécuritaire provoquée et entretenue par les groupes armés dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) n’a pas produit de résultats tangibles. Bien au contraire, ces initiatives militaires ont plutôt provoqué plus des morts, des blessés, des viols, des réfugiés, des déplacés de guerre, de destructions de biens, de pillage et exploitation illégale des ressources naturelles. A ce triste constat, s’ajoute la perte de confiance des populations à l’égard des institutions comme l’armée, la police, des institutions pénitentiaires et autres institutions publiques.
Pourtant, l’ONU maintient une force de maintien de la paix en République Démocratique du Congo depuis 1999, avec pour mandat de protéger les civils et d’aider à préserver la paix. En 2013, le Conseil de Sécurité de l’ONU a approuvé le déploiement d’une brigade spéciale d’intervention pour neutraliser les groupes armés.
La même année, un cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC et la région a été signé par les représentants de 11 pays de la région, ainsi que les présidents de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, de la
Communauté de Développement de l’Afrique Australe et le Secrétaire Général des Nations Unies.
En mai 2021, des experts des pays de la Région des Grands Lacs Africains, à savoir le Burundi, la RDC, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda, ont pris l’initiative louable de lancer le Groupe de Contact et de Coordination (GCC) pour la mise en place des mesures non militaires visant à mettre fin au conflit dans les provinces de l’Est de la RDC.
La création de ce groupe répondait à la nécessité d’une approche non militaire pour compléter l’action militaire contre les groupes armés illégaux dans l’Est de la RDC. Ces mesures non militaires de GCC comprennent la mise en œuvre continue de programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) pour les ex-combattants.
Néanmoins, force est de constater que tous ces efforts n’ont pas abouti à la restauration la paix et la stabilité.
Depuis avril 2022, les différents conclaves des chefs d’Etat sur la RDC sont tenus à Nairobi, en Angola et au Burundi. Ils ont discuté sur la manière de promouvoir la paix, la stabilité et le développement dans l’Est de la RDC et dans la grande région de l’Afrique de l’Est. Les résolutions de ces conclaves ont porté sur la neutralisation des groupes armés opérant sur le territoire congolais notamment le M23 qui avait repris les armes contre le gouvernement central pour exiger des pourparlers directs. Au moins trois cessez-le-feu ont déjà été décrétés depuis la résurgence du groupe armé fin 2021 sans résultats.
Nous saluons les efforts du Gouvernement de la République du Congo qui a accepté d’entamer un dialogue avec les groupes armés sous les bons offices du Président UHURU Kenyatta pour examiner les doléances qui les ont amenés à prendre les armes et explorer ensemble les modalités pratiques de désarmement, de démobilisation et de réintégration communautaire.
Nous considérons par ailleurs que, si même ses actions sont louables, une paix durable dépendra du respect des valeurs démocratiques, des droits de l’homme, la bonne gouvernance, fin de l’impunité et une bonne gestion des ressources économiques. Les rapports des experts des Nations Unies ont révélé que l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles dans l’Est de la RDC ont permis aux groupes armés de financer leurs opérations avec la complicité d’acteurs locaux et extérieurs, y compris les pays voisins de la RDC.
Il est tout à fait clair que la paix dans l’Est de la RDC dépendra également de situation socio-politique dans les pays voisins exportateurs de réfugiés en RDC ou accusés de soutenir des rebellions en RDC. Il est donc vital que chaque pays voisin de la RDC fasse les efforts pour éliminer les conditions qui favorisent les conflits et poussent les citoyens à fuir leurs pays.
A l’instar du Gouvernement de la République Démocratique du Congo qui est déjà engagé dans un dialogue avec ses opposants civils ou armés de la région du Sud et Nord Kivu, il est impératif que les pays voisins engagent des discussions coopératives, constructives et positives avec leurs citoyens, y comprises des voix dissidentes tant de l’intérieur que de l’extérieur du pays. Le but ultime est de tenir un Dialogue National Hautement Inclusif pour s’entendre sur les mécanismes institutionnels et légaux en vue d’éliminer les raisons qui forcent les opposants politiques de n’importe quel pays de la région à s’engager dans des activités politiques en dehors de leur propre pays, et certains recourir à la lutte armée contre leurs gouvernements pour se faire entendre.
Fort de tout ce qui précède, nous lançons donc un appel pressant à la tenue d’un Dialogue National Hautement Inclusif au niveau régional et dans chaque État de la région des Grands Lacs en vue de résoudre les problèmes socio-politiques tant sur le plan régional qu’interne pour discuter carte sur table toutes ces causes précitées à la base de l’insécurité cyclique et endémique.
Par ailleurs, au regard de la complexité et de la dimension régionale du problème des réfugiés, nous recommandons également la tenue d’une Conférence Régionale sur les défis, les enjeux et la gestion des réfugiés de la Région des Grands Lac
Plaidoyer pour une approche non militaire et multi-acteurs afin de ramener la paix dans l’Est de la RDC ainsi que toute la Région des Grands Lacs
La Région des Grands Lacs est entrée dans un cycle infernal des violences protéiformes depuis les années 1990 avec l’attaque du Rwanda qui a débouché, en 1994 à un génocide des Tutsi et l‘exil de millions des réfugiés dont la majorité s’est déversée en ex-Zaïre, aujourd’hui la République Démocratique du Congo (RDC).
Les conflits et guerres qui durent depuis cette date auraient déjà occasionné la mort de plus de 6 millions de personnes, la plus grande catastrophe humanitaire après la deuxième guerre mondiale.
Depuis lors, les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants en RDC qui s’enchainent quotidiennement, ont atteint la limite du supportable au point que l’envoyée spéciale de l’ONU venue en visite officielle à l’Est en 2010 avait baptisé cette région de la RDC : «la capitale mondiale du viol.» Car, aucun jour ne passe sans qu’on entende parler des cas de viols en RDC surtout dans la partie de l’Est !
Des centaines de personnes meurent chaque jour et, ce conflit persistant a entraîné le déplacement interne de quelque 5,6 millions de personnes et presque un million de réfugiés.
Officiellement, la RDC héberge plus de 245, 0000 de réfugiés Rwandais ainsi qu’un nombre moins important de réfugiés Burundais. En même temps le Rwanda, le Burundi et l’Uganda hébergent des réfugiés Congolais. Tous ces refugies et déplacés fuient des situations d’instabilité sécuritaire et socio-politiques dans leurs pays d’origine.
La solution militaire vainement préconisée depuis plus de deux décennies par les gouvernements de la Région des Grands Lacs Africains pour faire face à la crise sécuritaire provoquée et entretenue par les groupes armés dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) n’a pas produit de résultats tangibles. Bien au contraire, ces initiatives militaires ont plutôt provoqué plus des morts, des blessés, des viols, des réfugiés, des déplacés de guerre, de destructions de biens, de pillage et exploitation illégale des ressources naturelles. A ce triste constat, s’ajoute la perte de confiance des populations à l’égard des institutions comme l’armée, la police, des institutions pénitentiaires et autres institutions publiques.
Pourtant, l’ONU maintient une force de maintien de la paix en République Démocratique du Congo depuis 1999, avec pour mandat de protéger les civils et d’aider à préserver la paix. En 2013, le Conseil de Sécurité de l’ONU a approuvé le déploiement d’une brigade spéciale d’intervention pour neutraliser les groupes armés.
La même année, un cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC et la région a été signé par les représentants de 11 pays de la région, ainsi que les présidents de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, de la
Communauté de Développement de l’Afrique Australe et le Secrétaire Général des Nations Unies.
En mai 2021, des experts des pays de la Région des Grands Lacs Africains, à savoir le Burundi, la RDC, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda, ont pris l’initiative louable de lancer le Groupe de Contact et de Coordination (GCC) pour la mise en place des mesures non militaires visant à mettre fin au conflit dans les provinces de l’Est de la RDC.
La création de ce groupe répondait à la nécessité d’une approche non militaire pour compléter l’action militaire contre les groupes armés illégaux dans l’Est de la RDC. Ces mesures non militaires de GCC comprennent la mise en œuvre continue de programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) pour les ex-combattants.
Néanmoins, force est de constater que tous ces efforts n’ont pas abouti à la restauration la paix et la stabilité.
Depuis avril 2022, les différents conclaves des chefs d’Etat sur la RDC sont tenus à Nairobi, en Angola et au Burundi. Ils ont discuté sur la manière de promouvoir la paix, la stabilité et le développement dans l’Est de la RDC et dans la grande région de l’Afrique de l’Est. Les résolutions de ces conclaves ont porté sur la neutralisation des groupes armés opérant sur le territoire congolais notamment le M23 qui avait repris les armes contre le gouvernement central pour exiger des pourparlers directs. Au moins trois cessez-le-feu ont déjà été décrétés depuis la résurgence du groupe armé fin 2021 sans résultats.
Nous saluons les efforts du Gouvernement de la République du Congo qui a accepté d’entamer un dialogue avec les groupes armés sous les bons offices du Président UHURU Kenyatta pour examiner les doléances qui les ont amenés à prendre les armes et explorer ensemble les modalités pratiques de désarmement, de démobilisation et de réintégration communautaire.
Nous considérons par ailleurs que, si même ses actions sont louables, une paix durable dépendra du respect des valeurs démocratiques, des droits de l’homme, la bonne gouvernance, fin de l’impunité et une bonne gestion des ressources économiques. Les rapports des experts des Nations Unies ont révélé que l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles dans l’Est de la RDC ont permis aux groupes armés de financer leurs opérations avec la complicité d’acteurs locaux et extérieurs, y compris les pays voisins de la RDC.
Il est tout à fait clair que la paix dans l’Est de la RDC dépendra également de situation socio-politique dans les pays voisins exportateurs de réfugiés en RDC ou accusés de soutenir des rebellions en RDC. Il est donc vital que chaque pays voisin de la RDC fasse les efforts pour éliminer les conditions qui favorisent les conflits et poussent les citoyens à fuir leurs pays.
A l’instar du Gouvernement de la République Démocratique du Congo qui est déjà engagé dans un dialogue avec ses opposants civils ou armés de la région du Sud et Nord Kivu, il est impératif que les pays voisins engagent des discussions coopératives, constructives et positives avec leurs citoyens, y comprises des voix dissidentes tant de l’intérieur que de l’extérieur du pays. Le but ultime est de tenir un Dialogue National Hautement Inclusif pour s’entendre sur les mécanismes institutionnels et légaux en vue d’éliminer les raisons qui forcent les opposants politiques de n’importe quel pays de la région à s’engager dans des activités politiques en dehors de leur propre pays, et certains recourir à la lutte armée contre leurs gouvernements pour se faire entendre.
Fort de tout ce qui précède, nous lançons donc un appel pressant à la tenue d’un Dialogue National Hautement Inclusif au niveau régional et dans chaque État de la région des Grands Lacs en vue de résoudre les problèmes socio-politiques tant sur le plan régional qu’interne pour discuter carte sur table toutes ces causes précitées à la base de l’insécurité cyclique et endémique.
Par ailleurs, au regard de la complexité et de la dimension régionale du problème des réfugiés, nous recommandons également la tenue d’une Conférence Régionale sur les défis, les enjeux et la gestion des réfugiés de la Région des Grands Lacs